L’entreprise est un bien étrange mot — parmi tant d’autres. C’est un nom qui sonne comme un participe passé. «Oui, c’est bon, ça y est, je l’ai entreprise, vous pouvez y aller, je m’en vais.»
Alors que non. Entreprendre, c’est commencer quelque chose ensemble dans la durée. C’est du présent.
C’est d’ailleurs très présent ces jours ci, avec le retour de l’économie de l’offre, et des réductions de charge des entreprises. L’entreprise, siège de l’emploi et de l’investissement, moteur de la consommation et développeur d’épargne.
Il y a aujourd’hui une sorte de consensus tacite qui passe au-dessus des différences partisanes : non, ce n’est pas l’État qui va stimuler la demande pour créer des richesses, n’en déplaise à nos régiments de colbertistes. Même les syndicats finissent par s’y plier. Ils contestent, se plaignent qu’il n’y a pas assez de contrepartie, que c’est un cadeau au patronat, mais il n’y a pas de critique radicale de logique de fond, ni de réponse du type « on s’en sortirait mieux en nationalisant, en recrutant plus de fonctionnaires ».
On ne peut pas non plus avoir raison contre tout le monde. L’Europe se construit autour de l’entreprise, des principes de libre-échange et de libre concurrence. Et l’idée que l’on ne peut pas distribuer une richesse que l’on n’a pas créé fait son chemin.
Sur le long terme, il y a trois facteurs de création de richesse : une énergie pas chère, du progrès technique et une démographie porteuse.
Sur un marché mondialisé, les gaz de schiste vont contribuer à maintenir les coûts de l’énergie. La démographie de la France est un atout incontestable, notamment comparée à celle de l’Allemagne. Le véritable enjeu est donc de retrouver du progrès technique, de libérer l’innovation. Il faut pas mal de courage pour financer de la recherche, sans savoir sur quoi ça va déboucher.
L’atout démographique n’est pas utilisé. Notre jeunesse est un formidable levier d’activité. Mais le chômage des jeunes neutralise complètement cette carte à jouer. Nous favorisons la baisse des charges pour stimuler les embauches. Il faudrait sans doute mettre plus l’accent sur l’employabilité, et se poser la question de l’efficacité de notre système scolaire. L’apprentissage ne se développe pas depuis des décennies.
La croissance enfin doit être cadrée par des lois vertes. Et j’espère que l’écotaxe sera rapidement mise en place.
Voilà, voilà.